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Dilemme des communes avec le patrimoine bâtis

Entre le cœur et la raison. Peut-on brader du patrimoine bâti, parfois pluri-centenaire, même si coûteux à rénover? La question s’est posée en filigrane dans les conseils communaux de Bex et Ormont-Dessus à la mi-décembre.


Dans la Cité du sel, Jean-François Cossetto, municipal des Domaines et Bâtiments, a fait état d’une réflexion en cours sur les anciens collèges. Aux Posses, à Frenières, aux Plans, à Fenalet, aux Dévens et au Châtel, les vieux bahuts abritent des locataires ou des salles mises à disposition de sociétés locales, louées à des particuliers ou proposées à des services communaux pour y entreposer du matériel.


«C’est du patrimoine, mais aussi des travaux lourds et coûteux en perspective. L’alternative, c’est de les faire ou de les vendre.»


Jean-François Cossetto, municipal des Domaines et Bâtiments


Ces bâtiments ont un autre point commun: ils accusent le poids des ans. «En Municipalité, il va falloir se prononcer au cas par cas. C’est du patrimoine, mais aussi des travaux lourds et coûteux en perspective. L’alternative, c’est de les faire ou de les vendre. Ce n’est pas un choix facile, s’en séparer ne serait pas une décision très populaire, mais la réflexion doit avoir lieu.»


La première décision a été prise du côté des Plans-sur-Bex où l’ancien collège n’a plus d’avenir en mains communales. La Municipalité a plutôt pris le parti de rénover le bâtiment de l’ancien Garage Guillard, situé juste à côté de la chapelle, et qui abrite actuellement le ratrac du ski club, du matériel du Service de déneigement et un appartement. Une salle communale y est notamment prévue à l’avenir. Quant à l’ancien collège, en piteux état, il sera revendu. «Le préavis à ce sujet est prévu pour mars», selon Jean-François Cossetto.


Du côté du vieux collège du Châtel, l’annonce du départ de l’actuel locataire de l’appartement a précipité la décision de changer l’affectation et de rafraîchir les lieux. «Nous allons probablement refaire une salle, ajoute le municipal. Pour le reste, la réflexion avance au fur et à mesure.»


Chalets prioritaires


À Ormont-Dessus, ce sont les 18 chalets d’alpage de propriété communale qui inquiètent, les dignes représentants de cette «saison d’alpage» inscrite pas plus tard que début décembre au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.


Là aussi, le cœur l’emporte encore sur la raison, mais à quel coût? 500 000 francs, soit la somme que la Municipalité a proposé de débloquer lors du dernier Conseil communal pour mettre aux normes et rénover d’ici à 2026 quatre bâtis parmi les plus mal en point.


«C’est une priorité, tant nous avons pris de retard, 20 ans au bas mot, a regretté le syndic Christian Reber. C’est un patrimoine en perdition. Il pleut parfois dedans et certaines poutres peinent à soutenir la structure.» Les conditions de travail des amodiataires – soit les locataires et gestionnaires de ces chalets – en dépendent également.


Le Conseil communal a suivi l’édile et avalisé une somme qui, avec les soutiens fédéraux et cantonaux, permettra de couvrir les 750’000 francs d’estimation pour rénover les chalets des alpages En Pillon, Coufin, Marmèche et Chalet Vieux.


Le conseiller Luc Peneveyre s’est toutefois risqué à une question qui semblait à tout jamais taboue sur l’alpe: «Faut-il vraiment conserver tous ces alpages? Y a-t-il eu une réflexion sur le sujet en Municipalité? Bien sûr, c’est une richesse, du patrimoine, mais ils sont difficiles à entretenir. N’y aurait-il pas lieu d’en lâcher 1-2 aux amodiataires?» Pas de réponse sur le moment.


Au terme de la séance, on repose la question au syndic. «Ce n’est pas d’actualité. Pour l’instant, nous voulons tenter de les conserver en bon état, ce sont des morceaux de patrimoine local.»



Sources : Journal 24heures (17 janvier 2024)


Texte Karim Di Matteo


Photo Chantal Dervey

#Marché Immobilier