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Gryon : Le terrain hébergeant le camping les Frassettes en sursis

La survie du terrain des hauts de Gryon est incertaine. Malgré une solution alternative proposée par la Commune, des résidents ont lancé une pétition.


Une image de carte postale. Impossible de ne pas s’émerveiller de la vue qu’offre le camping des Frassettes, du massif de l’Argentine aux Dents-du-Midi. Attablés sous la véranda qui jouxte la réception, une poignée de résidents confirment: «On vient ici été comme hiver. Dès qu’il fait beau, on monte!»


Certains, comme Pascal Thévoz, y passent leurs week-ends et leurs vacances depuis l’enfance. Cédric et Anne-Christine Studer sont arrivés, eux, il y a un quart de siècle. «Et il y a encore des familles qui viennent depuis trois générations», précise le couple.


L’inquiétude de ces habitués est à la mesure de leur attachement à l’endroit. Le droit de superficie accordée par la Commune de Gryon à l’exploitant – le Camping Caravaning Club vaudois (CCCV) – a bénéficié d’une prolongation au début des années 2010.


Mais les Frassettes sont désormais en sursis: la concession arrivera à échéance en 2028 et la Municipalité devrait, selon toute vraisemblance, ne pas la renouveler. Une pétition intitulée «Non à la suppression du camping des Frassettes!» a été lancée début 2023 et circule à nouveau activement depuis les Fêtes. En ligne, la circulaire a récolté plus de 800 signatures.


Habitués et saisonniers


Pour les auteurs, il en va de la survie d’un lieu chargé de souvenirs et d’une ambiance particulière, qui constitue un atout indéniable pour la station. «Ceux qui viennent une fois ici restent, en général, témoigne Caroline Daetwyler, une habituée du camping. Il y a de tout, des jeunes couples avec leurs enfants, des anciens, des Vaudois, des étrangers, des saisonniers…»


«Ceux qui viennent une fois ici restent, en général.»  - Caroline Daetwyler, une habituée du camping


Alors que ces derniers peinent à se loger, ils trouvent dans la demi-douzaine de roulottes à louer un toit accessible financièrement. Romane Gorin passe son deuxième hiver à Gryon. C’est principalement le budget qui a poussé la Bretonne, engagée dans un snack de Villars, à séjourner là. «Mais aussi d’autres aspects: la proximité avec les remontées mécaniques, le fait de rencontrer d’autres saisonniers…»


Site plus vaste


Pourtant, l’Exécutif ne laisse pas les campeurs dans le désarroi: «Nous proposons de mettre à disposition un autre terrain, situé à la route des Renards (ndlr: à 1,5 km des Frassettes). Plus vaste, il permettrait aux résidents d’avoir davantage de place, un peu de gazon autour de leur caravane, alors qu’elles sont collées les unes aux autres aux Frassettes», souligne Eric Chabloz, municipal chargé du Tourisme et de l’aménagement du territoire.


«Nous proposons de mettre à disposition un autre terrain. Plus vaste, il permettrait aux résidents d’avoir davantage de place.» - Eric Chabloz, municipal chargé du Tourisme et de l’aménagement du territoire


Pourquoi une telle fronde, alors qu’un plan B existe? Pour l’élu, elle s’explique «uniquement par l’attachement des résidents à la proximité du départ des remontées mécaniques»: la télécabine de Barboleuse est située à moins de cinq minutes à pied.



Parmi les campeurs, le discours est tout autre. «La parcelle envisagée n’offre pas le dégagement dont nous profitons ici, relève Cédric Studer. Nous avons sondé les résidents et peu de monde s’est dit motivé à aller s’installer là-bas.» Selon le comité pétitionnaire, l’aménagement du terrain, situé à proximité d’une zone protégée, suscitera presque à coup sûr des oppositions.


«Rentabilité pas assurée»


Christian Vögeli, président du CCCV, fait lui aussi part de ses réticences. «Pour nous, l’investissement se monterait à 2 à 3 millions de francs. Avec le changement climatique, on peut se demander si un tel camping, qui fonctionne aujourd’hui surtout en hiver même si la fréquentation estivale progresse, restera attractif. Les études que nous avons menées montrent que la rentabilité n’est pas assurée.»


Selon l’intitulé de la pétition, c’est pour aménager un parking que la Municipalité entend démanteler l’infrastructure. A l'heure où les bouchons se multiplient sur la route des stations, cette stratégie étonne les campeurs. L’argumentaire fait réagir Eric Chabloz. « Le plan directeur régional touristique des Alpes vaudoises prévoit qu’un hébergement – hôtel ou résidence hôtelière –, soit construit à cet endroit. La solution du stationnement serait uniquement transitoire.»


L’aménagement de tout le secteur est en effet intimement lié au renouvellement de la télécabine de Barboleuse, dont le point de départ pourrait être déplacé plus près de l’arrêt du train Bex-Villars-Bretaye. Le remodelage de la station doit passer par la révision du plan général d’affectation, avancent les auteurs de la pétition.


«Or, pour l’heure, il n’y a aucun projet concret. Ce que nous demandons, c’est de maintenir le droit de superficie jusqu’à ce que les choses se précisent, explique Pascal Thévoz. Nous aimerions pouvoir en discuter avec la Municipalité.» Ce vœu devrait être entendu: Eric Chabloz indique qu’une telle rencontre sera organisée prochainement.



Source : Journal 24 heures (24.01.2024)


Texte Florian Cella et David Genillard



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